Depuis hier, l’actualité gabonaise est marquée par les mesures sévères prises par le Président de la Transition à l’encontre de ses deux demi-frères. Ces derniers ont été destitués de leurs postes, l’un au sein de la haute administration et l’autre dans l’armée. Cette décision fait suite à des comportements jugés déviants et contraires à l’éthique et à la probité, des principes fermement défendus par le chef de file du CTRI, qui n’a pas hésité à les sanctionner rigoureusement.
Ces sanctions n’auraient pas pu être appliquées sans l’aval de Brice Oligui Nguema, qui a fait nommer ses demi-frères il y a près de 10 mois au sein de la haute administration gabonaise et de l’armée. Le Président gabonais a ainsi voulu envoyer un message ferme, annonciateur de plusieurs changements.
La nouvelle, tombée hier matin, a fait l’effet d’un couperet sur les réseaux sociaux et dans les forums WhatsApp. C’est par le biais de deux notes de service, la première signée de la main du Ministre des Comptes publics et la deuxième du Commandant en second de la Garde républicaine, le général Antoine Balakidra, que l’on a appris la suspension d’Aurélien Marcel Mintsa Mi Nguema, directeur général du Budget et des Finances publiques (DGBFIP), ainsi que la destitution du lieutenant-colonel Pierre Bibang Bi Nguema de son poste de commandant de la Section d’intervention spéciale (SIS), une unité d’élite du Groupe d’intervention parachutiste (GIP). Ce dernier a été remplacé immédiatement par le capitaine Nguebe Tsioba.
Zèle, arrogance et opacité !
Aurélien Mintsa Mi Nguema aurait entretenu des relations conflictuelles avec plusieurs ministres, notamment son supérieur hiérarchique, Charles Mba, avec qui « c’était très tendu », selon les dires d’un haut fonctionnaire du ministère de l’Économie. « Il se prenait pour un président bis, clamant partout être à l’origine de la nomination de Charles Mba », ajoute un autre. Le demi-frère du Président de la République, qui occupait jusqu’à récemment le poste de Directeur général du budget, est notamment accusé d’avoir organisé des conférences budgétaires, une tâche normalement réservée au ministre des Comptes publics. Il aurait également entrepris une augmentation des primes des agents de la DGBFIP sans autorisation préalable, une prérogative qui ne lui appartenait pas. Plus récemment, il a désigné seul les fonctionnaires devant participer au premier forum économique Gabon-France, organisé à Paris fin mai, contournant ainsi l’autorité de Charles Mba.
Par ailleurs, il aurait pris des initiatives concernant des chantiers routiers sans consulter le ministre des Travaux publics. Une inspection menée à la mi-juin dans le Woleu-Ntem a révélé de graves manquements dans la gestion et l’exécution de ces projets, notamment avec des passations de marchés publics importants de gré à gré. Ces comportements étaient reprochés à la Young Team, aujourd’hui à sans famille.
Oligui, un monstre froid ?
Quant à son autre demi-frère, le lieutenant-colonel Pierre Bibang Bi Nguema, peu d’informations sont disponibles. Cependant, des sources indiquent que cet officier de la GR aurait commis des actes graves, provoquant la colère du chef de l’État. Selon des sources de Jeune Afrique, les deux frères sont également soupçonnés d’avoir orchestré des campagnes de diffamation violente contre des membres du gouvernement et des personnalités du cabinet présidentiel, ce qui a déclenché une enquête. Selon des rumeurs, plusieurs personnes auraient déjà été arrêtées.
Ces deux destitutions envoient un message clair de la part de Brice Oligui Nguema à tous les acteurs majeurs de l’administration et de l’armée gabonaise qui pourraient être tentés de suivre le même schéma.