À l’issue d’une campagne apaisée et d’un scrutin salué pour son professionnalisme, Brice Clotaire Oligui Nguema a été élu président du Gabon, s’apprête à prêter serment le 3 mai prochain dans la Commune d’Akanda. Un processus électoral sans contestation, qui ouvre de nouvelles perspectives mais soulève aussi des interrogations sur l’avenir démocratique du pays.
La campagne présidentielle d’avril 2025 s’est déroulée dans une atmosphère exemplaire de paix et de respect des délais institutionnels. L’engouement populaire pour Brice Clotaire Oligui Nguema s’est manifesté dès les premiers jours, renforcé par des rassemblements massifs et un discours d’unité nationale. Sur le plan technique, le scrutin a connu une organisation d’une rare efficacité : quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote, les résultats provisoires étaient centralisés numériquement et communiqués à la population.
Le ministère de l’Intérieur a rapidement validé ces résultats, eux-mêmes confirmés par la Cour Constitutionnelle de la Transition, avant l’annonce officielle de la prestation de serment. Néanmoins, alors qu’on s’approche de la cérémonie de prestation de serment du président élu, des interrogations peuvent subsister sur la pertinence que des organes institutionnels de Transition, reçoivent le serment d’un président élu. Les constitutionnalistes auront certainement de la matière à débattre…
Toutefois, un fait marquant dans ce scrutin du 12 avril 2025: aucun opposant n’a contesté les résultats. Cette absence de contestation, inhabituelle dans l’histoire électorale du Gabon, traduit soit l’adhésion sincère à la volonté populaire exprimée dans les urnes, soit une reconnaissance tacite du rôle historique de Brice Clotaire Oligui Nguema dans le basculement du 30 août 2023. Beaucoup y voient aussi le signe d’une profonde lassitude de la population face aux anciens visages de la politique gabonaise. Cette acceptation généralisée a renforcé l’image d’une transition apaisée, portée par des institutions électorales perçues comme modernes, rapides et efficaces.
Cependant, des interrogations légitimes émergent quant à l’avenir. Si aujourd’hui l’élection s’est déroulée sans heurts ni contestations, qu’en sera-t-il dans sept ans, lors de la prochaine présidentielle ? Dans un contexte où de nouveaux acteurs politiques pourraient surgir et gagner en poids, le professionnalisme et la célérité des institutions électorales seront-ils maintenus avec la même rigueur, surtout si Brice Clotaire Oligui Nguema devait affronter un adversaire de taille ? La neutralité des structures organisatrices sera alors mise à l’épreuve d’une compétition plus ouverte et potentiellement plus disputée.
La réussite du scrutin d’avril 2025 est indéniable, mais elle ne saurait constituer une garantie pour l’avenir. La véritable épreuve démocratique sera celle de la capacité des institutions à rester impartiales, promptes et transparentes, quelle que soit l’intensité de la concurrence électorale. Le rendez-vous est donc pris pour dans sept ans, avec en ligne de mire une présidentielle qui dira si l’élan démocratique de 2025 était un véritable tournant ou simplement une parenthèse exceptionnelle. D’ici là, les élections locales prévues dans quelques mois constitueront déjà un premier test grandeur nature.