Le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a annoncé de manière claire et ferme sa volonté de mettre fin à la géopolitique comme mode de gouvernance. Cette décision a été exprimée lors de son discours à la Nation le 16 août 2025, à l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance du Gabon. Mais qu’est-ce qui pourrait justifier ce choix qui fait déjà grincer des dents ?
La “géopolitique” désigne dans le contexte un système politique basé sur l’appartenance ethnique ou régionale, qui a longtemps guidé les nominations, les candidatures et les investitures au Gabon. Ce système, hérité des décennies passées, notamment sous les présidences de la famille Bongo, a créé un type de gouvernance où les privilèges et positions étaient souvent accordés non pour les compétences, mais en fonction des origines ethno-régionalistes. Selon le président Oligui Nguema, ce mode de gouvernance a échoué, car il n’a pas porté les fruits escomptés pour le développement du pays ou pour une démocratie authentique.
Le président considère que cette politique de la géopolitique a “empoisonné” la démocratie gabonaise en empêchant les citoyens de choisir librement leurs représentants sur la base de leur mérite et de leurs compétences réelles. En annonçant la fin de ce système, il fait un pari démocratique risqué mais ambitieux : remplacer la géopolitique par un mode de gouvernance fondé sur la compétence.
Ainsi, ce sera la capacité, le mérite et la compétence des individus, plutôt que leur origine ethnique ou régionale, qui devraient primer pour accéder aux postes politiques et administratifs.
Cette orientation témoigne d’une volonté de reconstruire une démocratie gabonaise où régneraient liberté, pluralisme, responsabilité, dignité humaine et État de droit. Le président appelle tous les acteurs politiques à respecter ces principes et à laisser le peuple choisir librement et en paix leurs représentants. Il considère que ce tournant est crucial, notamment à la veille des élections législatives et locales prévues en septembre 2025, pour que ces scrutins soient exempts des divisions ethniques et régionales habituelles et ouvrent la voie à une gouvernance plus juste et efficace.