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Centrale d’achats nationale : le Gabon se dote d’un outil stratégique pour maîtriser les prix et garantir la qualité

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Le gouvernement gabonais passe à l’offensive contre la vie chère. Lors de la première édition de l’émission Gouv Actu, diffusée sur Gabon 1ère, cinq membres du gouvernement, dont le ministre d’État Henri-Claude Oyima, en charge de la Lutte contre la vie chère, ont présenté un projet inédit : la création d’une Centrale d’achats nationale. Une initiative ambitieuse, conçue pour garantir la quantité, la qualité et le juste prix des produits essentiels.

Face à une inflation importée, largement dictée par les marchés extérieurs, l’exécutif veut reprendre la main sur l’approvisionnement du pays. L’objectif est clair : briser la spéculation, sécuriser les circuits d’importation et réduire le coût du panier de la ménagère. Cette réforme dépasse la simple régulation des prix. Elle vise une véritable refonte du système d’approvisionnement national, en agissant à la source sur les volumes, les fournisseurs et la qualité des produits.

La Centrale d’achats nationale s’appuiera sur une stratégie en trois axes : réguler les volumes importés pour prévenir les pénuries, négocier directement avec les fabricants afin d’assurer la conformité sanitaire et acheter en gros pour obtenir des prix compétitifs. « La Centrale d’achats a pour objectif principal d’assurer la quantité, la qualité et le prix », a résumé Henri-Claude Oyima, évoquant un instrument de souveraineté économique au service du pouvoir d’achat.

Sur le plan institutionnel, la Centrale prendra la forme d’une société anonyme au capital d’un milliard de francs CFA, réparti entre l’État, actionnaire à 37 %, et les importateurs privés, à 63 %. Ce modèle hybride de partenariat public-privé garantit une gouvernance partagée, évitant tout monopole étatique. Le financement reposera sur des crédits documentaires ouverts auprès de banques commerciales, remboursables 90 jours après réception des marchandises, sans recours à la dette publique ni subventions récurrentes.

Le dispositif couvrira une cinquantaine de produits de première nécessité, riz, huiles, viandes, pâtes, volailles, entre autres dont l’importation sera désormais centralisée. De la négociation avec les fournisseurs à la distribution aux grossistes, chaque étape du circuit sera maîtrisée, les prix étant fixés selon la Mercuriale nationale. Les produits devront obligatoirement transiter par la Centrale, assurant ainsi une traçabilité complète.

La sécurité sanitaire sera placée sous la vigilance de l’Agence gabonaise de normalisation (AGANOR), qui effectuera les contrôles de conformité à toutes les étapes : inspection chez le fournisseur, analyses à l’arrivée et retrait immédiat des produits non conformes. « Nous voulons garantir la qualité des produits importés et protéger la santé des Gabonais », a affirmé le ministre de l’Industrie, Me Lubin Ntoutoume.

Pour assurer la transparence, la digitalisation occupera une place centrale. Une plateforme publique permettra de suivre en temps réel les stocks, les prix et les opérations d’achat. Les paiements seront entièrement dématérialisés et chaque produit portera un code de traçabilité vérifiable. Les données seront hébergées localement, afin de préserver la souveraineté numérique du pays.

Au-delà de la régulation des importations, le projet entend aussi stimuler la production nationale. En maîtrisant les volumes consommés, l’État pourra mieux orienter ses politiques de soutien aux PME locales. Des mécanismes de financement dédiés, des programmes d’accompagnement et des forums sectoriels viendront renforcer les capacités de production nationale, notamment dans l’agroalimentaire.

Les premières importations sont attendues dès le début de l’année 2026. L’indicateur clé du succès de la réforme sera une baisse mesurable du prix des produits ciblés, suivie par l’Institut national de la statistique. Le gouvernement promet un suivi étroit, des contrôles renforcés aux frontières et une coordination interministérielle pour corriger les éventuels dysfonctionnements au démarrage.

En créant la Centrale d’achats nationale, le Gabon se dote d’un outil structurant pour encadrer les prix, sécuriser l’approvisionnement et protéger le consommateur. Cette initiative s’inscrit pleinement dans la dynamique de refondation économique impulsée par la Ve République : celle d’un État stratège, capable de planifier, d’agir et de garantir à chaque foyer gabonais un accès équitable à des produits de qualité, à des prix justes.

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