À première vue, la 7ᵉ Session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la CEEAC, tenue le 7 septembre à Malabo, pourrait n’apparaître que comme un rendez-vous diplomatique de plus. Pourtant, derrière les formules convenues et les communiqués finement ciselés, se joue une partie subtile. Brice Clotaire Oligui Nguema, Président du Gabon, s’y est affirmé en stratège discret, déterminé à repositionner son pays au cœur du jeu régional.
La CEEAC en chantier permanent
Depuis sa création, la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale peine à trouver son souffle. Ses lourdeurs administratives, son manque de réactivité face aux crises et son déficit d’incarnation ont souvent nourri scepticisme et désillusion. À Malabo, le renouvellement de la Commission, avec la nomination du Burundais Ezéchiel Nibigira, illustre la volonté de rompre avec la stagnation. Mais ce geste institutionnel appelle un portage politique fort.
Le pari d’Oligui Nguema : incarner sans tonner
À rebours des démonstrations tonitruantes, Brice Oligui Nguema trace une autre voie : celle du leadership feutré mais efficace, où l’influence se construit par la constance et la crédibilité. Le Gabon, longtemps discret, s’avance désormais comme un centre de gravité possible pour la sous-région, non pas par la force des armes ou des slogans, mais par un savant dosage de stabilité interne et d’ambition externe.
Une sous-région en quête d’équilibre
L’Afrique centrale demeure l’une des zones les plus fragmentées du continent : conflits endémiques, instabilités politiques, inégalités structurelles. Dans ce décor fragmenté, Oligui Nguema propose une alternative : le Gabon comme ancrage, un État capable de fédérer sans dominer, d’inspirer sans imposer. Une stratégie de “roi silencieux” qui cherche à transformer la fragilité régionale en opportunité d’intégration.
Héritage et horizon
Si l’hommage rendu à Gilberto Da Piedade Verissimo et à son équipe sortante clôt un cycle, il ouvre aussi une fenêtre : celle d’une CEEAC refondée, débarrassée de ses pesanteurs, tournée vers l’action et la pertinence. Le défi reste immense, mais le message est clair : le Gabon ne veut plus jouer en coulisses, il vise la scène principale.
À Malabo, Brice Oligui Nguema n’a pas cherché les projecteurs, mais il a marqué des points. Dans le silence calculé de sa diplomatie, il dessine une trajectoire nouvelle : faire du Gabon non pas un figurant régional, mais un arbitre, un inspirateur, un centre de décision. Une posture subtile, presque déroutante, mais potentiellement redoutablement efficace.