Il aura suffi d’un micro et d’un terrain sinistré pour qu’Alain-Claude Bilie-By-Nze ressorte de l’ombre, une nouvelle casquette sur la tête : celle du défenseur des déguerpis. Le 10 juin dernier, l’ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle s’est offert une descente sur le site de Plaine-Orety, prétexte parfait pour tenter de se redonner une image de proximité. Une opération de communication soigneusement orchestrée… et grossièrement opportuniste.
Le roi de la récupération politique est de retour
Bilie-By-Nze n’a jamais rien laissé au hasard dans sa communication : c’est un fin stratège, un homme de formules bien placées, toujours prompt à se positionner au bon moment… une fois la tempête passée. Alors qu’il était resté étrangement silencieux pendant plusieurs semaines, voilà qu’il réapparaît dans une actualité sociale brûlante, promettant avocats, soutien moral et compassion aux victimes d’un déguerpissement brutal.
Mais derrière cette façade compatissante, qui peut oublier le rôle central de Bilie-By-Nze dans un régime qui a piétiné les droits des Gabonais pendant des années ?
L’exécutant zélé d’un régime vomi par les Gabonais
Bilie-By-Nze a beau aujourd’hui se travestir en opposant bienveillant, il n’est rien d’autre que le pur produit du système Bongo. Il en fut l’un des piliers, défendant sans relâche les décisions les plus impopulaires, justifiant l’injustifiable, niant l’évidence d’un pouvoir corrompu, déconnecté, rejeté.
Le point culminant de son échec politique restera sans doute sa gestion du drame de l’Esther Miracle, ce naufrage qui a coûté la vie à des dizaines de Gabonais. En tant que Premier ministre, il a brillé par son inaction, son manque de compassion réelle, et son incapacité à assumer la responsabilité de l’État. Pire, il a pris la défense de l’administration, tentant de camoufler les fautes graves par des discours creux et une communication insipide.
Comment cet homme peut-il aujourd’hui se présenter en sauveur des victimes d’injustices alors qu’il fut lui-même au cœur d’un gouvernement qui en a généré tant ?
Un changement de costume, mais pas de convictions
Cette soudaine “proximité” avec les déguerpis n’est que la dernière manœuvre d’un homme qui cherche désespérément à ne pas disparaître du paysage politique. Il ne promet ni nourriture, ni eau, dit-il. Non, il promet des avocats. C’est noble sur le papier, mais creux dans le fond. Où étaient ses avocats quand le pays sombrait dans la répression, les abus et le naufrage moral ? Où étaient ses convictions quand des voix plus courageuses dénonçaient les injustices qu’il défendait encore ?
l’imposture d’un faux opposant
Alain-Claude Bilie-By-Nze veut faire croire qu’il a changé. Mais le costume d’opposant n’efface pas des années de compromission. Ce n’est pas une visite sur un site de déguerpissement qui fera oublier l’homme du système, le communicant du pouvoir, le gestionnaire défaillant du drame de l’Esther Miracle. Il surfe aujourd’hui sur l’émotion des plus vulnérables pour regagner une légitimité qu’il n’a jamais eue. Les Gabonais ne sont pas dupes : l’opposant Bilie-By-Nze n’est qu’un recyclage cynique de l’exécutant Bilie-By-Nze.