Le Gabon s’apprête à entrer dans une nouvelle phase de son histoire politique. À l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema peaufine une mise en scène d’une rare sophistication pour officialiser sa candidature. Une annonce en trois actes, mêlant habilement puissance militaire, ferveur religieuse et légitimité institutionnelle.
Acte I : L’Adoubement des Forces Armées
Ce samedi 1ᵉʳ mars, le stade d’Angondjé sera le théâtre d’un rassemblement inédit. L’ensemble des forces de défense et de sécurité y est convoqué, dans une mise en scène qui rappelle les grandes cérémonies d’investiture des régimes militaires. Face à cette assemblée en treillis, Oligui Nguema sollicitera symboliquement leur assentiment. Une démarche hautement stratégique : en plaçant l’armée au centre de son engagement électoral, il rappelle à tous que son pouvoir puise sa source dans les événements d’août 2023. Ce premier acte est un serment tacite, une démonstration de force où chaque uniforme sera un témoignage silencieux de l’unité du pouvoir en place.
Acte II : La Consécration Divine
Le lendemain, dimanche 2 mars, les églises du pays résonneront de prières spéciales. Officiellement, il s’agira de confier l’avenir du Gabon à Dieu, un acte d’humilité et de foi. Mais en sous-texte, cette initiative est un clin d’œil aux croyants et une manière de sacraliser sa démarche politique. L’Histoire regorge de figures ayant cherché à transcender la simple arène politique pour entrer dans une dimension quasi mystique. En inscrivant son parcours sous le signe de la bénédiction divine, Oligui Nguema se place au carrefour du temporel et du spirituel, un positionnement qui pourrait séduire une large frange de la population attachée aux valeurs religieuses.
Acte III : L’Onction Institutionnelle
Lundi 3 mars, jour de son anniversaire, le général prendra enfin la parole pour officialiser sa candidature. Et pas n’importe où : à proximité du Camp de Gaulle, site chargé d’histoire, là même où fut signé l’acte constitutionnel après le référendum. Ce choix n’est pas anodin. Il confère à son entrée en lice un vernis de légitimité institutionnelle et historique. La date elle-même est significative, marquant un double anniversaire : celui de l’homme et, potentiellement, celui d’un nouveau chapitre pour le Gabon.
Une Stratégie Millimétrée
En orchestrant cette triple séquence, Brice Clotaire Oligui Nguema ne laisse rien au hasard. L’armée, la religion et la Constitution sont les trois piliers de son récit politique. Cette mise en scène cherche à enraciner sa candidature dans une légitimité pluridimensionnelle, à la fois martiale, spirituelle et institutionnelle. Mais cette stratégie, bien que finement ciselée, soulève une question essentielle : comment sera-t-elle perçue par la classe politique et l’opinion publique ?
Car au-delà des symboles, c’est bien l’adhésion populaire qui tranchera. Si la démonstration d’unité militaire et religieuse impressionne, elle doit s’accompagner d’une vision claire pour le Gabon de demain. Dans cette campagne qui s’annonce décisive, le tombeur d’Ali Bongo vient de poser ses premiers jalons. Reste à voir si son message résonnera au-delà des cercles institutionnels pour s’ancrer véritablement dans le cœur des électeurs.