Dans quelques semaines, Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition Gabonaise, s’apprête à franchir une étape décisive de son parcours : l’annonce officielle de sa candidature à l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Une candidature qui ne saurait être un simple prolongement de la Transition, mais l’architecture d’un nouveau contrat social, une refondation méthodique d’un État en quête de souveraineté et de prospérité.
Mais quel projet de société incarnera-t-il ? Quelle vision portera-t-il devant un peuple exigeant, après des décennies de promesses dévoyées et d’illusions dissipées ? L’attente est immense, les défis sont colossaux, et l’histoire ne pardonnera aucun faux pas.
Un pays à la croisée des chemins
Le Gabon est une nation paradoxale, riche par ses ressources, mais fragilisée par ses structures, prisonnière d’un modèle économique hérité du passé, où la rente pétrolière a longtemps servi de béquille à une gouvernance peu tournée vers la diversification et la valeur ajoutée. Aujourd’hui, la réalité est implacable :
• Une dépendance excessive aux matières premières, rendant l’économie vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux.
• Un appareil administratif hypertrophié, souvent plus source d’inertie que de dynamisme.
• Un tissu entrepreneurial atrophié, où l’initiative privée peine à se frayer un chemin face à des structures étatiques omniprésentes.
• Des inégalités criantes, où la concentration des richesses et des opportunités dans quelques mains alimente un sentiment d’exclusion généralisé.
Face à ce tableau, le 12 avril ne doit pas être un simple exercice électoral. Il doit être le point de bascule vers une refondation nationale profonde et irréversible.
Un projet de société adossé à trois piliers fondamentaux
Si Brice Oligui Nguema veut inscrire son nom dans l’histoire comme l’architecte du renouveau gabonais, il devra bâtir son projet sur trois piliers essentiels, chacun répondant aux urgences et aux aspirations profondes du peuple.
- Une souveraineté économique affranchie des rentes du passé
Le Gabon ne peut plus être un État spectateur de sa propre richesse, dépendant de l’exploitation brute des ressources naturelles. Il est impératif de :
• Réindustrialiser massivement pour transformer localement nos matières premières et éviter l’érosion de la valeur ajoutée à l’exportation.
• Créer un tissu de PME robustes et innovantes, en libérant l’économie des lourdeurs bureaucratiques et en favorisant l’émergence d’une classe d’entrepreneurs nationaux.
• Diversifier l’économie, en investissant dans l’agriculture de transformation, les industries créatives, les nouvelles technologies et l’énergie.
Cette révolution économique nécessite une volonté politique inflexible, une rupture assumée avec les lobbies extractifs, et une vision où l’État devient facilitateur plutôt qu’opérateur omnipotent.
- Un État efficace, régulateur et garant de l’intérêt général
Depuis trop longtemps, l’administration gabonaise est perçue comme un labyrinthe d’inefficacité, un monstre bureaucratique qui entrave plus qu’il ne facilite. La réforme doit être radicale :
• Numériser et fluidifier l’administration, en supprimant les lourdeurs procédurales et en instaurant un service public réactif et transparent.
• Moraliser la gestion publique, en instaurant un système de reddition des comptes strict et des mécanismes de contrôle indépendants.
• Réduire le train de vie de l’État, en recentrant les ressources sur les services essentiels (santé, éducation, infrastructures).
Un Gabon fort ne se construit pas sur un État obèse, mais sur un État stratège, garant de l’équilibre entre régulation et dynamisme économique.
- Un contrat social refondé sur la justice et l’égalité des chances
Les fractures sociales qui gangrènent le pays ne peuvent être ignorées. La jeunesse gabonaise, majoritaire, est en quête de perspectives, de mérite et d’inclusion. Un projet de société viable doit impérativement :
• Repenser l’éducation et la formation, en l’adaptant aux réalités économiques et en mettant fin au gouffre entre diplôme et employabilité.
• Instaurer un système de protection sociale équilibré, garantissant un accès universel aux soins et à la sécurité sociale.
• Faire de la justice un instrument impartial et inébranlable, en éradiquant l’impunité et en garantissant des décisions judiciaires équitables.
L’État doit cesser d’être un privilège et redevenir une institution au service de tous.
Le pari du 12 avril : Continuité ou métamorphose ?
Brice Oligui Nguema a, jusqu’ici, incarné un homme de Transition, de refondation temporaire, de remise à plat des équilibres brisés. En avril, il devra faire face à un nouveau défi : se présenter non plus comme l’homme d’une transition, mais comme le leader d’un cycle historique nouveau.
Le peuple gabonais, lucide et exigeant, ne se laissera pas convaincre par des slogans éculés ou des promesses incantatoires. Il attend un projet structuré, lisible, puissant et réalisable.
Le choix du 12 avril ne sera pas celui d’un nom, mais celui d’une trajectoire nationale. Le Gabon rêvera-t-il encore ou se réveillera-t-il enfin ?
L’heure du projet de société approche. Brice Clotaire Oligui Nguema doit désormais révéler sa vision, ou se heurter à l’implacable verdict du peuple.