Face à des délestages récurrents qui plongent le Grand Libreville et ses environs dans le noir, le ministre de l’Énergie, Séraphin Akoure Davin, a tenu ce 4 février 2025 une conférence de presse d’une rare franchise. Dans son intervention, il dresse un état des lieux sans complaisance de la crise énergétique qui affecte le pays et annonce des mesures urgentes ainsi que des projets structurants pour un retour progressif à la normale.
Un constat amer et des responsabilités assumées
Le ministre a rappelé que, depuis plusieurs années, la crise énergétique s’est aggravée en raison d’investissements insuffisants et d’une gestion défaillante du secteur. « Nous sommes dans un système où les gens font des annonces et ne réalisent pas », a-t-il déclaré, illustrant son propos avec l’exemple du Projet hydroélectrique FE2, annoncé en grande pompe sur la rivière Okano, près de Mitzic, mais qui n’a jamais vu le jour. Un constat similaire a été fait concernant les chutes de l’Impératrice, sur la rivière Ngounié, projet qui, faute de concrétisation, reste lettre morte.
Le manque de maintenance et le vieillissement des infrastructures ont, selon lui, conduit à une détérioration avancée du réseau électrique. L’absence de renouvellement des équipements se traduit aujourd’hui par des coupures fréquentes qui impactent non seulement la vie quotidienne des Gabonais – congélateurs hors service, denrées avariées – mais aussi la crédibilité du système de production.
Des excuses sincères et une solidarité gouvernementale
Conscient de la souffrance endurée par la population, le ministre n’a pas hésité à présenter des excuses. « Nous sommes conscients de cette difficulté. Que les Gabonais le sachent : nous n’avons pas d’eau, nous n’avons pas d’électricité. Même ici au ministère de l’Énergie, il y a des coupures », a-t-il confié, illustrant la gravité de la situation en rappelant qu’il-même a dû se contenter d’un seau d’eau pour se laver ce matin. Ce geste symbolique renforce la proximité du gouvernement avec les réalités du quotidien des citoyens.
Un plan d’action en deux temps pour sortir de la crise
Face à ce constat alarmant, le ministre a dévoilé un plan d’action articulé en deux phases :
• Des mesures d’urgence immédiates
• Renouvellement et maintenance des équipements : Moderniser et entretenir les infrastructures existantes afin de limiter les pannes imprévues.
• Mise en place d’une structure d’appoint : Déployer des solutions temporaires pour combler rapidement le déficit en électricité et atténuer les impacts des coupures sur les ménages et les entreprises.
• Optimisation du suivi de la SEEG : Revoir la gestion et le fonctionnement de la Société d’Énergie et d’Électricité du Gabon pour une meilleure efficacité opérationnelle.
• Des projets de long terme pour une stabilité durable
• Construction du grand barrage de Booué : Ce projet structurant vise à assurer une production énergétique stable et suffisante pour répondre à la demande croissante.
• Modernisation des infrastructures de transport et de distribution : Améliorer les réseaux de diffusion pour acheminer l’électricité de manière efficace sur l’ensemble du territoire.
Un appel à la patience et à la mobilisation collective
Le ministre a toutefois souligné que ces transformations ne se feraient pas du jour au lendemain. « Il faut du temps. On ne peut pas tout résoudre par un coup de baguette magique », a-t-il précisé, évoquant les délais de fabrication et de livraison des nouveaux équipements. Il appelle ainsi à la patience des Gabonais, tout en garantissant une action résolue du gouvernement pour redresser le secteur.
La prise de parole de Séraphin Akoure Davin marque une étape décisive dans la reconnaissance de l’ampleur de la crise énergétique et dans l’engagement d’un gouvernement déterminé à mettre en œuvre des solutions concrètes. Entre mesures d’urgence et projets d’envergure, l’exécutif entend rétablir la stabilité du réseau électrique, afin de redonner aux Gabonais l’espoir d’un quotidien moins perturbé par les coupures. Si l’avenir reste parsemé de défis, l’appel à la mobilisation collective laisse entrevoir une volonté forte de transformer la crise en une opportunité de modernisation et de progrès pour tout le pays.