La lutte contre la corruption prend un nouveau tournant au Gabon. Deux ministres en fonction, Mays Mouissi, ancien ministre de l’Économie et désormais ministre de l’Environnement, et Charles Mba, ministre du Budget, sont dans le viseur de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Ils sont accusés d’avoir touché des pots-de-vin et des rétro-commissions dans le cadre d’un contrat controversé avec la société turque Karpowership. Ce lundi 20 janvier, les deux responsables doivent être entendus par la Commission, marquant une étape cruciale dans ce dossier explosif.
Un contrat au centre des critiques
Le contrat en question porte sur l’acheminement de deux bateaux-usines turcs destinés à produire de l’électricité pour Libreville, en réponse aux délestages chroniques qui frappent la capitale. Toutefois, cet accord, désormais suspendu, est vivement critiqué pour son coût exorbitant : 12 milliards de FCFA par mois, auxquels s’ajoutent les frais de carburant pris en charge par l’État gabonais. Des soupçons de malversations et d’irrégularités dans la conclusion de ce contrat suscitent l’indignation de la société civile et d’une partie de l’opinion publique.
Une enquête qui s’élargit
La Commission anticorruption ne se limite pas aux ministres. Dans une lettre adressée au Procureur de la République, elle demande également à auditionner des responsables de plusieurs institutions impliquées : la Société des patrimoines, le Fonds gabonais des investissements stratégiques (FGIS), la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), ainsi que la mairie de Libreville. Ces acteurs auraient joué un rôle clé dans la signature d’un contrat jugé opaque et désavantageux pour l’État.
Une société civile en colère
Alors que les délestages persistent, la société civile dénonce un accord perçu comme un gouffre financier, profitant à une minorité au détriment de l’intérêt public. Libreville et Karpowership se renvoient mutuellement la responsabilité de l’échec du projet, tandis que le gouvernement tente de clarifier les termes d’un contrat qui pourrait bien devenir un symbole de mauvaise gouvernance.
Dans un contexte où la lutte contre la corruption est érigée en priorité, cette affaire pourrait marquer un tournant décisif dans la gestion des finances publiques gabonaises. Reste à savoir si cette enquête aboutira à des sanctions exemplaires ou si elle s’inscrira dans la longue liste des scandales restés sans suite.