Ce 12 mai 2025, alors que sa visite officielle au Gabon bat son plein, le président angolais João Lourenço a créé la surprise en se rendant discrètement à la résidence d’Ali Bongo Ondimba, son ancien homologue, dans le quartier huppé de la Sablière à Libreville. Une rencontre sans caméra, sans communiqué, mais riche de symboles et lourde de sens.
Une visite privée au parfum politique
Ni le Palais Rénovation ni les autorités angolaises n’ont commenté l’événement. Pourtant, les images circulent et les interrogations fusent. Pourquoi João Lourenço a-t-il tenu à rencontrer personnellement Ali Bongo, près de neuf mois après sa chute du pouvoir lors du coup d’État d’août 2023 ? Officiellement, rien n’a filtré. Officieusement, tout laisse à penser que cette entrevue a porté sur l’état de santé de l’ancien président, ses conditions de vie depuis son renversement, ainsi que la situation délicate de son épouse Sylvia Bongo et de son fils Noureddin, récemment libérés après plusieurs mois de détention.
João Lourenço, l’ami qui n’oublie pas
Ce geste rappelle la relation personnelle que João Lourenço entretient depuis des années avec Ali Bongo. L’homme fort de Luanda n’a jamais digéré le renversement de son ami, et Luanda avait exprimé sa désapprobation à l’époque. Lourenço fut d’ailleurs le dernier chef d’État d’Afrique centrale à reconnaître le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), après de longues négociations diplomatiques.
D’aucuns murmurent que la libération de Sylvia et Noureddin Bongo Valentin aurait été une condition tacite de la visite du président angolais à Libreville. Une hypothèse qui, si elle se confirmait, démontrerait l’influence politique encore active d’Ali Bongo sur la scène régionale – et la capacité de son réseau à infléchir certaines décisions.
Un message à plusieurs destinataires
Dans ce contexte, la visite de João Lourenço revêt une portée symbolique forte : elle s’inscrit dans un effort d’apaisement et de réconciliation, mais aussi comme un rappel que l’histoire ne s’efface pas si vite. Ce geste, à la fois humain et politique, pourrait bien être interprété comme un signal discret envoyé au pouvoir de transition : l’Angola n’a pas tourné la page Bongo, du moins pas totalement.
Au moment où le Gabon cherche à redéfinir sa diplomatie et à restaurer sa stature internationale, cette rencontre discrète entre deux anciens chefs d’État pourrait devenir, dans les coulisses de l’Histoire, un moment charnière aux implications profondes.