Dans un climat où la réécriture de l’histoire semble être devenue un sport national, où l’opinion est abreuvée de récits tronqués et de procès médiatiques, une voix s’élève enfin. Celle d’Ike Ngouoni Aila Oyouomi. Là où tant d’autres se terrent dans un silence complice, il choisit la parole. Une parole lucide, implacable, qui démonte méthodiquement l’un des plus grands raccourcis de ces derniers mois : l’AJEV responsable de tous les maux du Gabon.
Une mémoire sélective au service d’une manipulation
Il est de bon ton aujourd’hui de désigner l’Association des Jeunes Émergents Volontaires (AJEV) comme le bouc émissaire idéal. Mais que pèse réellement cette organisation dans l’histoire politique du Gabon ? Deux ans et demi d’influence dans un règne de quatorze ans d’Ali Bongo Ondimba. Un souffle. Une parenthèse. Comment expliquer alors que tout un système, installé bien avant et bien après cette période, puisse être réduit à ce laps de temps ?
Le piège est grossier. Faire oublier les décennies de gestion qui ont précédé, effacer les responsabilités collectives, concentrer le blâme sur un groupe, quitte à falsifier la réalité. Mais la vérité, elle, résiste. Et Ike Ngouoni l’exhume avec une rigueur implacable.
L’AJEV, des réformes avant tout
Si l’AJEV a marqué l’histoire politique récente, c’est d’abord par des réformes et des avancées notables. Parmi elles, l’organisation des élections législatives et municipales de 2018, souvent citées parmi les plus transparentes de l’ère Bongo. Qui ose aujourd’hui nier que, dans ces scrutins, le jeu démocratique a été respecté ? À Libreville, dans le 4ᵉ arrondissement, Mike Abakougna battait sèchement Alexandre Barro Chambrier, figure de l’opposition, qui reconnaissait sa défaite sans contestation. Un fait rare dans le paysage politique gabonais.
Mais la dynamique impulsée ne s’est pas arrêtée là. Sous l’influence de l’AJEV, des décisions majeures ont été prises pour réduire le train de vie de l’État et assainir la gestion publique :
• Un gouvernement resserré à 18 ministres, marquant une rupture avec les cabinets pléthoriques du passé.
• Une réduction de 40 % du personnel nommé à la présidence, afin de montrer l’exemple en matière de bonne gouvernance.
• Un encadrement strict de la taille des cabinets ministériels, pour éviter les dépenses excessives et améliorer l’efficacité administrative.
• Des actions concrètes pour préserver l’intérêt général, notamment la réquisition d’usage de la SEEG, à une période où la qualité du service se dégradait dangereusement.
Ces réformes, si elles n’ont pas été parfaites, ont néanmoins marqué un tournant. Le Fonds monétaire international (FMI) lui-même avait salué ces efforts, reconnaissant que le plan de réformes du Gabon était respecté et que les actions entreprises allaient dans la bonne direction.
Une vérité qui finit toujours par émerger
Aujourd’hui, on voudrait réduire l’AJEV à quelques arrestations spectaculaires, à des mises en scène judiciaires destinées à calmer une opinion chauffée à blanc. Pourtant, comme le rappelle Ike Ngouoni, l’histoire a toujours son ironie : où sont aujourd’hui les accusateurs d’hier ? Derrière les barreaux. Jetés en pâture à leur tour, victimes d’un engrenage qu’ils ont eux-mêmes alimenté.
Face à cette entreprise de falsification, Ike Ngouoni Aila Oyouomi refuse la capitulation. Car se taire, c’est laisser triompher le mensonge. Son message est clair : il ne s’agit pas de nier les erreurs, mais de refuser une mémoire sélective et opportuniste. L’AJEV n’a pas été qu’un simple acteur du système, elle a aussi incarné une volonté de réforme et de structuration.
Si certains espèrent bâtir l’avenir sur un mensonge commode, l’histoire, elle, suit son propre cours. Et tôt ou tard, elle remettra les faits à leur juste place.