À mesure que les législatives approchent, une certitude semble se dessiner dans les contrées de l’Ogooué-Lolo : certains noms n’ont plus besoin de campagne pour exister. Louembe, Mbadinga Madiya, Moubelet et Dodo Bounguendza ne sont pas simplement des candidats ; ils incarnent des fiefs, des fidélités enracinées, des équilibres communautaires bien ancrés. Et dans une région où les logiques politiques se plient encore majoritairement aux dynamiques ethniques et claniques, il apparaît de plus en plus évident que l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) se heurte à une muraille.
Des bastions verrouillés par l’expérience et la proximité
Leur force ne repose pas uniquement sur des calculs électoraux. Elle s’appuie sur une présence constante, un maillage territorial qui dépasse le simple affichage politique. Qu’il s’agisse de Blaise Louembe, solide sur ses appuis dans les localités rurales, de Mbadinga Madiya, vétéran du jeu institutionnel, ou encore de Pacome Moubelet et Dodo Bounguendza, figures emblématiques à la fois respectées et craintes, tous incarnent une forme de continuité qui rassure une partie de l’électorat.
Ici, la fidélité ne se négocie pas : elle s’hérite, se cultive, et se transmet de génération en génération. Ces leaders sont bien plus que des candidats : ils sont les médiateurs entre le peuple et le pouvoir, les détenteurs d’une légitimité symbolique qui échappe aux logiques rationnelles du suffrage universel.
L’UDB dans une bataille asymétrique
Face à eux, les candidats de l’UDB semblent engagés dans une lutte profondément déséquilibrée. Portés par un discours de rupture et de renouveau, ils peinent toutefois à s’imposer dans un territoire où le changement rime souvent avec méfiance, et où les tentatives de bouleversement des équilibres existants sont perçues comme des menaces à l’ordre local.
Certes, l’UDB dispose d’un capital politique croissant à l’échelle nationale, mais dans l’Ogooué-Lolo, ce capital se heurte à la réalité du terrain : ici, la politique est d’abord une affaire de proximité, d’identité, et d’histoire partagée. Et dans cette arène, les “poids lourds” cités plus haut jouent à domicile, avec un terrain parfaitement maîtrisé.
Un PDG prêt à consolider sa domination
Ce contexte laisse présager un scrutin à sens unique dans plusieurs localités de la province, au grand dam de l’opposition. Sauf revirement spectaculaire ou concessions politiques majeures, scénario que peu d’observateurs jugent réaliste, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) devrait sortir de ce cycle électoral renforcé et consolidé dans sa base historique.
Pour le PDG, cette victoire ne serait pas seulement électorale ; elle serait stratégique, confirmant sa capacité à verrouiller ses bastions face aux offensives adverses, tout en se projetant vers l’avenir avec des figures expérimentées et enracinées.
Une élection intense, mais une issue prévisible ?
Dans un climat national tendu, marqué par une recomposition du paysage politique post-Bongo et une montée de nouveaux acteurs, ces législatives s’annoncent globalement ouvertes et passionnantes. Mais dans certaines zones, comme l’Ogooué-Lolo, les dés semblent déjà jetés.
Ce n’est donc pas tant la victoire que la marge de cette victoire qui retiendra l’attention. Car si la compétition s’annonce rude ailleurs, ici, la bataille semble déjà perdue pour l’UDB. Et les favoris, eux, avancent sereinement, avec l’assurance de ceux qui savent que, quoi qu’il arrive, leur nom continue de résonner plus fort que n’importe quel slogan de campagne.