Alors que la présidentielle du 12 avril 2025 a placé tous les candidats face à leurs responsabilités légales, le cas d’Alain-Claude Bilie-By-Nze suscite une vive polémique. En affirmant publiquement qu’il n’avait » aucun compte à rendre » à la Cour des comptes, au motif que sa campagne aurait été financée par des fonds privés, l’ancien Premier ministre et ancien haut fonctionnaire s’est placé en porte-à-faux avec les principes mêmes de la République qu’il a longtemps servis. Une attitude que la Cour des comptes a vivement dénoncée, en rappelant que nul, et surtout pas un ancien responsable de l’administration, n’est au-dessus de la loi.
Dans un communiqué rendu public le 27 juin dernier, la Cour des comptes est revenue avec fermeté sur le caractère obligatoire du dépôt des comptes de campagne par tous les candidats. Appuyée sur l’article 368 du Code électoral, elle a réaffirmé sa compétence pour juger de la régularité et de la sincérité de ces comptes, indépendamment de la nature des fonds utilisés. Qu’ils soient publics ou privés, l’origine des ressources n’exonère personne de l’obligation de transparence. Ce rappel, qui vise très clairement la posture de Bilie-By-Nze, met en lumière une contradiction troublante : comment un ancien chef de gouvernement peut-il aujourd’hui ignorer ou contester une règle qu’il a eu, par le passé, à défendre ou à appliquer ?
En soulignant que l’exigence de produire un compte de campagne est » absolue « , la Cour appelle à un respect strict de la légalité républicaine. Pour une personnalité qui a occupé de hautes fonctions, ce respect devrait aller de soi. Car il ne s’agit pas simplement d’une formalité administrative : c’est un enjeu de moralisation de la vie publique, de lutte contre la corruption, de respect du plafonnement des dépenses électorales et de prévention du blanchiment d’argent. En refusant de se plier à ces exigences, Bilie-By-Nze envoie un signal regrettable : celui d’un homme d’État qui tourne le dos aux principes de transparence et d’exemplarité.
La Cour a rappelé les sanctions prévues pour les contrevenants : amendes pour retards ou absence de réponse, mais surtout, possibilité d’inéligibilité pouvant aller jusqu’à dix ans. Elle a insisté sur sa détermination à faire appliquer la loi dans toute sa rigueur. Au-delà de l’avertissement, c’est une question de crédibilité institutionnelle et de respect des règles du jeu démocratique qui est en jeu. Pour un ancien Premier ministre, ignorer ces obligations revient à affaiblir la confiance citoyenne dans les institutions.
La République ne peut s’accommoder de l’arbitraire, encore moins lorsqu’il vient de ceux qui ont eu le privilège de la représenter au plus haut niveau. À Bilie-By-Nze de démontrer, par ses actes, qu’il demeure un homme d’État respectueux des lois qu’il a jadis incarnées.