C’est une farce macabre que Sylvia Bongo joue depuis Londres. Une farce indigne, orchestrée par une femme en chute libre, incapable d’assumer son rôle dans la machine répressive qu’elle a elle-même alimentée. La dernière trouvaille ? Une photo diffusée sur les réseaux. Un bleu, ridicule et isolé, sur son bras gauche. Un hématome que l’on devine soigneusement provoqué. Une tentative pathétique de grimer la vérité. De faire croire à la torture. De s’inventer, en exil doré, une histoire de victime.
Mais le Gabon n’est plus dupe.
Ce cliché n’est pas une preuve. C’est une provocation. C’est une mise en scène aussi grotesque qu’ignoble. Sylvia Bongo, l’ex-première dame de l’État prédateur, veut maintenant faire pleurer sur commande. Alors qu’elle a régné dans le confort des palais, pendant que d’autres, sous ses yeux et son silence complice, étaient broyés dans des geôles infectes, elle ose fabriquer un bleu, comme on applique du fond de teint.
Pendant ce temps, Brice Laccruche Alihanga, lui, ne joue pas. Il ne pleurniche pas. Il n’invente rien. Il a vécu l’enfer véritable, celui qu’on ne peut ni effacer ni maquiller. Isolement carcéral. Privation de traitement. Cancer du côlon. Quatre ans de détention punitive, sans lumière, sans contact humain, sans soins. La peau sur les os. L’ombre d’un homme qu’ils voulaient voir mourir à petit feu.
Pendant que Sylvia Bongo mime la douleur, Laccruche la saignait pour de vrai. Chaque cellule de son corps porte la trace d’un système qui voulait l’effacer. Un système qu’elle, Sylvia, regardait fonctionner sans broncher. Pire : qu’elle nourrissait. Qu’elle couvrait. Qu’elle inspirait.
Et aujourd’hui, voilà qu’elle cherche à retourner les rôles. Elle s’accroche au statut de victime comme à une planche de salut. Mais la douleur n’est pas un déguisement. La torture n’est pas un récit de fiction. Et les bleus que l’on fabrique ne valent rien face aux cicatrices que l’on subit.
Sylvia Bongo n’a jamais été torturée. Jamais humiliée. Jamais enfermée dans un trou à rats à prier pour ne pas crever. Elle veut la compassion du monde quand elle n’a jamais offert ne serait-ce qu’un regard aux suppliciés de son propre régime.
Son bleu ne choque personne. Il révolte. Il salit la mémoire de ceux qu’on a fait taire. Il ravive la rage de voir les véritables bourreaux tenter de se déguiser en victimes.
Que Sylvia garde ses mises en scène pour ses avocats. Ici, au Gabon, on sait distinguer une manipulation d’un martyre.
Brice Laccruche a souffert. Sylvia Bongo manipule. L’un porte des cicatrices. L’autre, des mensonges. Et aucun bleu fabriqué ne suffira à renverser cette vérité.
