Ce devait être un scandale. Ce ne fut qu’une fiction algorithmique.
Dans l’ombre des réseaux, un influenceur sans doctrine, Nazih Marwan Al-Azzi, a cru pouvoir faire chanceler un chef d’État à coups de fichiers audio trafiqués, d’intimidations malhabiles et d’une mise en scène sordide. Son plan : faire chanter le président de la Transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, en agitant de prétendus enregistrements compromettants. Mais les “preuves” brandies ne résistent pas à l’examen : des voix synthétiques, générées par intelligence artificielle, habilement cousues pour créer l’illusion d’un échange. La vérité n’a pas été captée. Elle a été fabriquée.
C’est la première fois au Gabon qu’un chantage d’une telle nature fondé sur de faux contenus numériques vise directement la plus haute institution. Une tentative d’extorsion hors normes : six milliards de francs CFA réclamés en coulisses pour ne pas diffuser cette machination vocale. Il ne s’agit plus d’un simple écart. C’est une tentative délibérée de déstabilisation numérique de l’État.
La riposte, elle, a été d’une sobriété implacable. Loin de répondre au piège de la réaction émotionnelle, le Gabon a choisi la voie de la légalité. Nazih a été arrêté à Beyrouth par la sûreté libanaise, à la demande des autorités gabonaises. Une coopération bilatérale discrète mais efficace, qui pourrait déboucher sur son extradition vers Libreville. Là où la justice, et non les likes, tranche.
Face à cette entreprise de démolition symbolique, le président Oligui Nguema n’a pas bronché. Il ne se défend pas face à une voix synthétique. Il agit dans le réel. Pendant que d’autres gesticulent dans l’éther numérique, lui gouverne, structure, reconstruit. Le silence du chef, dans cette affaire, n’est pas de la fuite : c’est une posture. Celle de la légitimité qui n’a rien à prouver.
Cette affaire n’est pas seulement celle d’un homme qui a trop cru à ses propres fictions. Elle incarne les périls nouveaux d’un monde où l’IA permet à n’importe qui de fabriquer n’importe quoi surtout contre ceux qui incarnent l’ordre et la souveraineté. Le Gabon, aujourd’hui, vient d’essuyer l’un des premiers assauts de cette ère. Il l’a fait sans trembler.
La voix trafiquée n’a pas ébranlé la voix de l’État. La rumeur synthétique s’est heurtée à la verticalité du droit. Et la vérité, elle, finira toujours par résonner plus fort qu’un enregistrement manipulé.